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Et je me nourris de vide pour le songe

Abdelkhaleq Jayed nous entraîne irrésistiblement dans une prose luxuriante où les mots, mus en notes musicales gravées, non pas sur du papier, mais bien sur « la terre craquelée de l’indicible », composent une sorte de symphonie féerique qui, à mesure qu’elle se déploie, happe tous les sens du lecteur.

Tout commence par une plongée dans les territoires évanescents de l’enfance à la recherche de la « langue première », ce socle effrité d’une identité elle-même décomposée mais que le poète travaille à reconstituer, non pas tant pour se complaire dans un quelconque repli sur soi, mais plutôt dans le perspective de s’ouvrir sur l’Humain.

Si le poète s’élève à la fois contre les « suzerains des vérités définitives » et les « mots normés » il « tisse sans relâche des voies » tout en se « nourrissant du vide » pour aboutir au songe, autant dire au Poème : lieu où, paradoxalement, le vide semble atteindre sa plénitude.

Gonflé de ce vide, ivre d’encre et de sang ou plutôt de leur absence, le poète s’en va, au-delà des réminiscences et des constats amers, côtoyer Dieu et, « descendant de sa tour », s’emploie à suturer patiemment les failles, à « bricoler » même, avec une langue riche et hautement imagée, des patries autres, sous le signe incandescent de la liberté.  

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Auteur : Abdelkhaleq JAYED

Date de publication : 2017

Langue : Française

Nombre de Pages :

Editeur : Virgule editions